La fille sous les projecteurs
Le spectacle de fin d'année est dans deux semaines et je dois avouer que je suis totalement angoissée à l'idée de danser devant autant de personnes. Je vais me tromper le moment venu c'est certain.
Ma gorge se noue à l'idée d'une telle catastrophe et je secoue la tête afin de chasser cette idée.
C'est pas en stressant comme une folle que tu devrais finir cette année.
On se rassure comme on peut.
Cette petite voix dans ma tête m'est vraiment très utile dans la vie de tous les jours car je hais par dessous tout le silence. C'est bien malheureux dit comme ça...
Fini ton introspection !
Écoutant mon propre conseil je me dirige à pas pressés vers le foyer. Là-bas je dois rejoindre Tess et récupérer les bandanas. Bandanas qui pour information nous ont étais demandés par notre professeure de danse. Qu'est-ce que je foutrait avec des bandanas sinon ?
Heureusement que Maya m'a gentiment dirigée vers elle. Ça m'évite d'aller en acheter moi même.
Ma flemme n'a donc plus de limites...
De la fainéantise tu seras la souveraine m'avait dit un grand sage.
Blague à part elle me rend un fier service.
Ma main pousse la lourde porte du foyer et j'entre avec autant d'assurance qu'une souris dans un repère de chats affamés.
N'osant pas m'approcher de peur de les déranger en pleine discussion, je reste plantée là, dans l'entrée comme un chien de faïence.
La présence de Maya me rassure et m'incite à approcher du groupe de filles. Sans un mot Tess me tend les bout de tissus et je repart aussitôt après l'avoir remercié.
Ainsi la journée passe à une vitesse folle et je suis bien heureuse d'enfin retrouver mon cher et tendre. Mon lit bien aimé.
Balançant mes chaussures de l'autre côté de la pièce, je m'allonge au dessus des couvertures encore toute habillée.
La musique bat fort contre mes tempes alors que mes yeux sont étrangement obnubilés par le plafond d'un blanc douteux.
Mon portable vibre contre ma poitrine et je le déverrouille pour afficher le message de Rose.
Merde ! J'ai totalement oublié de lui donner l'autre bandana. ll faudra absolument que j'y pense demain.
Fermant les yeux, je ne me rend pas vraiment compte que ma main a apporté l'un d'eux à mon nez.
Il dégage une odeur vraiment forte. C'est du parfum à coup sur, néanmoins il est un peu trop puissant à mon goût. J'aime les parfums légers et discrets, ça me correspond mieux.
Au bout de quelques longues secondes l'idée qu'il est plutôt gênant d'humer les affaires de filles que je viens à peine de rencontrer s'impose à moi.
Ceci dit... personne n'est là pour me le faire remarquer.
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C'est ce soir. C'est ce soir.
Je me répète inlassablement ces mots depuis deux heures.
Les cours passent étrangement vite aujourd'hui, pour mon plus grand malheur. Pour une fois je voudrais qu'ils durent aussi longtemps que possible, mais rien n'empêchera la soirée d'arriver si ce n'est peut être une météorite.
Ta météorite à très peu de chances d'atterrir sur Terre avant des milliards d'années.
Vérifiant de nouveau l'adresse de la salle, j'observe le gps qui persiste à n'en faire qu'à sa tête. Seuls quelques pas nous suffisent pour enfin apercevoir le fameux bâtiment au bout du chemin.
Une banderole géante est accrochée à la facade et je sais déjà d'avance que cette soirée va être grandiose.
C'est ma première année dans cette école et à vrai dire je l'ai aimé cette année.
Même si certaines périodes ont pus être dures, notamment à cause de mon manque d'expérience en la matière je suis heureuse d'avoir connue ces personnes.
Moi qui à cause de ma timidité maladive ne m'étais jamais permise d'entrer dans un quelconque club ou de m'adonner à l'une où l'autre activité, j'ai maintenant le sentiment d'avoir trouver ce que j'aime vraiment faire, danser.
Je m'avance dans l'entrée, Rose à mes côtés.
De concert, nous poussons les portes de la salle des fêtes dans une synchronisation presque trop chirurgicale pour être réelle.
Je me rappelle être déjà venue une seule fois ici par le passé à l'occasion d'une sortie de classe. Elle devait nous aider à trouver le lycée qui nous correspondrait le mieux. Vaste connerie.
Nous nous avançons timidement, cherchant un visage familier parmi tous les danseurs présents et c'est qui repère la première notre professeure assise sur le bord de la scène. Cette dernière nous fais signe d'approcher puis nous explique le déroulement de la soirée de façon brève et concise.
Une fois son spitch fini, nous enfilons nos tenues et attendons patiemment que les portes s'ouvrent au public.
***
La salle se remplie à une vitesse folle, si bien qu'il ne reste plus énormément de places libres.
Je cherche avec empressement Maya dans les coulisses mais elle semble avoir tout à coup disparu.
Il faut que je la trouve, voir son visage sufffira à coup sur à me rassurer.
Je ne la connais pas vraiment mais elle m'inspire un sentiment de sécurité, aptitude que très peu de personnes possèdent dans mon entourage.
Le stress retombe un instant lorsque je la voit parler avec une des jumelles. Celle-ci s'appelle Nola il me semble.
La seule chose que je sais à son propos c'est qu'elle n'a pas l'air de trop m'apprécier et ce pour je ne sais quelle raison.
Nous sortons dehors, à l'arrière du bâtiment afin de respirer un peu d'air frais. La chaleur dans cette salle est absolument intenable.
Un voix résonne dans les coulisses et annonce l'ordre de passage. Priant pour que ce ne soit pas notre tour dès le debut, je croise les doigts discrètement. En vain.
À contrecoeur je me dirige vers la scène et ettend patiemment que la début du spectacle soit annoncé.
Les lumières s'éteignent, plongeant la salle dans une obscurité presque angoissante. Après quelques secondes l'écran géant s'allume et laisse apparaître le logo de notre école.
Notre professeure indique discrètement les escaliers menant à la scène au premier groupe qui n'est autre que le mien. Les danseurs s'alignent les uns derrière les autres et je n'ai jamais été aussi concentrée pour trouver une porte de sortie.
C'est trop tard je ne peux plus faire machine arrière.
La musique démarre alors et mon cerveau s'éteint le temps d'une danse.
Comme mise en pause, je reviens à moi, à bout de souffle mais libérée comme rarement je l'ai été dans ma vie.
Notre professeure applaudit et il est déjà temps pour le prochain groupe de passer. Je ne peux cacher le contentement que m'inspire ce que je viens de ressentir en montant sur cette scène . C'est à la fois inexplicable et trop puissant pour être expliquer.
Mon rythme cardiaque ayant repris un battement plus régulier je peux enfin profiter de la suite du spectacle.
La musique est un peu trop forte à mon goût mais le choix des morceaux reste plutôt judicieux. Le Dj alterne entre musiques entraînantes et lascives, en soi c'est un bon cocktail.
Le dernier groupe arrive bien trop rapidement et fait office de bouquet final.
Le niveau trois est comme son nom l'indique, plus haut que le niveau un et deux.
Au-delà de cette évidence on observe clairement la différence entre les autres danseurs et ceux-ci.
Ils dégagent un charisme et une puissance que je ne saurais décrire. Quelque chose d'imposant en quelque sorte.
La musique démarre et les aplaudissements et cris laissent peu à peu la place à une atmosphère mystérieuse.
Je reste bouche bée face à leur niveau que je n'imaginais pas à ce point haut.
On est clairement pas de la même école si je puis dire.
Peu à peu j'arrive à discerner Maya ainsi que les jumelles à l'arrière gauche du groupe.
Elles dansent vraiment bien.
Nola et Tess sont vraiment très impressionnantes.On dirait des professionnelles et je pèse mes mots.
Sans y faire vraiment attention mon regard reste accrochée à l'une d'entre elles, qui attire davantage mon attention.
Elle danse vraiment bien, vraiment très bien.
À vrai dire contrairement à sa sœur ou à Maya, elle dégage un charme fou sur scène.
Peu à peu l'atmosphère glisse vers quelque chose de plus doux et profond alors qu'une nouvelle musique flotte dans l'air. La chorégraphie mêlée à la voix du chanteur donne quelque chose de magique, comme s'il nous racontait une histoire. Des paroles qui traduisent une souffrance profonde que je ressent au plus profond de mes entrailles. Les larmes aux yeux, mon attention se fixe de nouveau sur la belle brune. Et dans la pénombre, à l'abri des regards, je la regarde danser sous les projecteurs et se perdre dans la musique.